Chroniques dodusiennes chapitre III

Le 2 décembre 2020
Ce matin, les Dodus lisent dans leur boule de cristal.
"Quelquefois un reflet momentané s’allume
Dans la vue enchâssée au fond du porte-plume
Contre lequel mon œil bien ouvert est collé
A très peu de distance, à peine reculé
La vue est mise dans une boule de verre
Petite et cependant visible qui s’enserre
Dans le haut, presque au bout du porte-plume blanc
Où l’encre rouge a fait des taches, comme en sang."
Raymond Roussel, "La vue", 1904

 

 

 

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Les Dodus se fondent dans un rêve.
"L'ensemble évoquait un reître sommeillant dans une crypte sombre, vautré mollement au bord d'un étang souterrain. Une fumée ténue, enfantée par le cerveau du dormeur, montrait, en manière de rêve, onze jeunes gens se courbant à demi sous l'empire d'une frayeur inspirée par certaine boule aérienne presque diaphane, qui, semblant servir de but à l'essor dominateur d'une blanche colombe, marquait sur le sol une ombre légère enveloppant un oiseau..."
Raymond Roussel, "Locus Solus", 1914

 

 

 

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Le 1er janvier 2021
Pour vous souhaiter une bonne et heureuse année, les Dodus ont pris sinon une bonne résolution... du moins une résolution littéraire : ils nichent sur mes Walter Scott !

 

 

 

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Le 5 janvier 2021
Les Dodus franchissent le seuil de 2021, et s'envolent. Pas du tout impressionnés, ils aiment à se mêler à d'autres oiseaux beaucoup plus célèbres qu'eux !
Comme disait Bernanos, "il faut savoir risquer la peur.""Dialogue des carmélites", 1947

 

 

 

 

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Le 7 janvier 2021
Comme vous vous en doutez, bien que n'étant absolument pas sujets au vertige, les Dodus se sont prêtés de bonne grâce à une petite mise en scène !
"Cet étrange sentiment de manque - la sensation que le vide existait réellement - ressemblait à la peur paralysante que l'on peut ressentir en se penchant du sommet d'une haute tour. Découvrir des points communs entre la faim et le vertige était pour moi une expérience nouvelle".
Haruki Murakami, "Les attaques de la boulangerie", 2012

 

 

 

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Le 8 janvier 2021
Exempts de vertige et grands adeptes du Vide, les Dodus ne rechignent pas à s'élancer dans les ténèbres de la nuit.
Un autre Vide, vu par Murakami.
"Il se peut que je sois un homme vide de contenu, pensait Tsukuru. Il y a néanmoins des gens qui m'approchent, au moins temporairement. Comme des oiseaux de nuit solitaires en quête d'un lieu sûr et désert, sous les toits, où ils pourront se reposer durant la journée. Ces oiseaux-là se sentent bien dans un espace vide, peu éclairé, très silencieux. Tsukuru devait donc peut-être se réjouir de son vide. […] Au milieu de son sommeil, il entendit chanter des oiseaux de nuit."
"L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage", 2013

 

 

 

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Passons de l'immatérialité du Vide à celle du chant : merveilleux instant que celui où les Dodus se répondent et conversent dans un après-midi pluvieux !
"Légèreté de l'oiseau qui n'a pas besoin pour chanter de posséder la forêt, pas même un seul arbre."
Christian Bobin, "L'éloignement du monde", 1993

 

 

 

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21 janvier 2021
Après leurs réflexions sur le Vide, les Dodus se lancent dans l’Espace-Temps, expérimentent l’apesanteur et voyagent vers les très hautes altitudes !

 

 

 

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Le 25 janvier 2021
"Cette simplicité d’esprit chez l’oiseau le déprimait profondément. J’ai goûté à la bave du ver, songea-t-il, j’ai échappé à toute une série de dangers, et j’en ai tiré quoi ? Presque rien. Un oiseau partiellement doué de parole… et d’une connaissance non moins partielle des choses. Comme moi. Nous savons tous un petit quelque chose. Peut-être qu’en additionnant ce que sait cet oiseau et ce que je sais moi… On peut toujours essayer."
Philip K. Dick, "Deus Irae", 1976

 

 

 

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Le 26 janvier 2021
A dix heures, les Dodus, dynamisés par un rayon de soleil matinal, jouent avec des objets et en profitent pour poursuivre leurs cogitations sur l’Espace et le Temps… il semblerait qu’ils aient trouvé leur Maître.
" - Le voyage dans le temps.
- Non. Pas le voyage dans le temps. Berkowsky a démontré son impossibilité. Il s'agit bien d'une pelle temporelle, un miroir pour observer et une pelle pour collecter les objets. Ces babioles. L'une au moins provient du futur. Ramassée, ramenée dans le passé.
- Comment le savez-vous ?
- Elle est datée."
Philip K.Dick, "Le grand O", 1953

 

 

 

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Le 29 janvier 2021
Pour les Dodus, y a-t-il un Passé, un Futur ? Pour l’instant, bien installés dans le Présent, ils écoutent Homère en cet après-midi.
"Nous vivons dans une illusion quotidienne. Quand le premier barde a commencé de débiter la première épopée racontant quelque ancienne bataille, l’illusion est entrée dans notre existence. L’Illiade est une "imposture" au même titre que ces robenfants échangeant des timbres devant la porte. Les humains se sont toujours efforcés de retenir le passé, de lui conserver son aspect convaincant. Ca n’a rien de malsain. Sans lui, nous n’avons pas de continuité ; nous ne possédons que l’instant présent. Or, amputé du passé, le présent n’a plus de signification - ou si peu."
Philip K. Dick, "En attendant l’année dernière", 1966

 

 

 

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Le 2 février 2021
Les objets auraient-ils quelque chose à souffler aux Dodus ? Voilà ces derniers qui retournent consulter leur boule de cristal !
"Les formes premières, songea-t-il, doivent continuer une vie invisible et résiduelle à l’intérieur de chaque objet. Le passé est latent, il est submergé mais toujours là, capable de remonter à la surfae si les identifications ultérieures, par malheur, disparaissent. L’homme contient, non pas l’enfant, mais tous les autres hommes antérieurs, pensa-t-il."
Philip K. Dick, "Ubik", 1969

 

 

 

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Le 2 février 2021
En ces temps menaçants, les Dodus nous rappellent les vérités essentielles : deux précautions valent mieux qu’une ! C’est l’histoire de l’oiseau qui couve l’oiseau qui couve l’œuf… Mais il n’y a pas d’œuf !... Oui, mais il pourrait y en avoir, ce n’est donc pas une raison ! C’est l’intention qui compte !

 

 

 

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Le 4 février 2021
Dialogue Dodusien ce matin en découvrant un oiseau mécanique :
" - Grisou
Le changement le plus important qui bouleverse notre monde d’aujourd’hui consiste probablement en un glissement du vivant vers la réification…
- Blanche
Oui… et, simultanément et réciproquement, en un rapprochement des objets mécaniques d’une animation.
- Café
Moi, je vous le dis, avec tout cela nous ne sommes plus en mesure de recourir à de pures catégories distinctes comme le vivant et le non-vivant… Cui, cui… Rou, rou… »
D’après "Si ce monde vous déplaît… et autres essais", de Philip K. Dick, 1995

 

 

 

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Le 15 février 2021
Pour rester dans le ton de ces journées hivernales, les Dodus se blottissent près du radiateur et s’interrogent en regardant le monde à travers la fenêtre : pourquoi le brouillard existe-t-il ?... Si seulement ils avaient lu Philip K. Dick !
"Une des grandes manifestations de la miséricorde divine consiste à nous tenir perpétuellement dans le brouillard."
Philip K. Dick, "SIVA", 1991

 

 

 

 

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Le 18 février 2021
La nuit ne s’est pas encore retirée… mais pourquoi les Dodus devraient-ils se laisser intimider par les ombres ?
"Les monstres existent vraiment, les fantômes aussi… ils vivent en nous."
Haruki Murakami

 

 

 

 

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Le 11 mars 2021
Devant une série de portes, les Dodus ont une pensée émue pour le grand Asimov !
"L’homme est parti à la découverte d’autres mondes, d’autres civilisations, sans avoir entièrement exploré ses propres abîmes, son labyrinthe de couloirs obscurs et de chambres secrètes, sans avoir percé le mystère des portes qu’il a lui-même condamnées."
Isaac Asimov, "Solaris", 1966

 

 

 

 

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Le 12 mars 2021
Profitant du soleil, d’un coup d’ailes, les Dodus ont poussé jusqu’à la mer ce matin, et contemplent la fin des civilisations.
"Les civilisations sont les fards de l’humanité." Pierre Reverdy, "Le livre de mon bord, notes 1930-1936"

 

 

 

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Le 16 mars 2021
Voilà un an déjà que les Dodus vous parlent ! Ce matin, ils ont joué aux précogs et jeté un coup d’œil dans leurs boules de cristal. Ils rêvent d’y voir légèreté, fraîcheur et espoir en ces temps difficiles ! Ils restent avec vous !
" - Il doit vous paraître irritant de posséder ce don caché de prévision dont vous ne pouvez détecter la nature ; de savoir agir avec décision mais sans raison.
- L’expression usuelle sur Terminus est : "Agir avec intuition."
- Sur Gaïa, on dit : "Savoir sans réfléchir"."
Isaac Asimov, "le Cycle de Fondation" tome 5, 1986


Le 16 mars 2021 deux minutes plus tard
Ça, c’est la version idéaliste et magnifiquement esthétisée de Véronique. Dans la réalité "nous sommes en guerre" ! Les Dodus au premier chef. L’un.e couve, l.es autr.es sont furibard.es et guettent le bon moment pour virer le troisième du nid ! Deux minutes après cette photo, il.elle.s sont passé.e.s à l’attaqu.e !

 

 

 

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Le 30 mars 2021
Les Dodus d’humeur joyeuse, initient un nouveau cycle sur le printemps. Ils fêtent, à leur façon, l’arrivée des fleurs, se passent le relais pour couver au fil des jours et des nuits, parfois couvant même ensemble ! Prévoyants ou un peu "précogs", comme vous le savez, ils sont convaincus que trois précautions valent mieux qu’une !

"Les deux pigeons"

"Deux Pigeons s'aimaient d'amour tendre.
L'un d'eux s'ennuyant au logis
Fut assez fou pour entreprendre
Un voyage en lointain pays.
L'autre lui dit : Qu'allez-vous faire ?
Voulez-vous quitter votre frère ?
L'absence est le plus grand des maux :
Non pas pour vous, cruel.  Au moins que les travaux,
Les dangers, les soins  du voyage,
Changent un peu votre courage.
Encore si la saison s'avançait davantage !
Attendez les zéphyrs. Qui vous presse ? Un Corbeau
Tout à l'heure annonçait malheur à quelque Oiseau.
Je ne songerai  plus que rencontre funeste,
Que Faucons, que réseaux . Hélas, dirai-je, il pleut
Mon frère a-t-il tout ce qu'il veut,
Bon soupé, bon gîte, et le reste ?
Ce discours ébranla le coeur
De notre imprudent voyageur ;
Mais le désir de voir et l'humeur inquiète
L'emportèrent enfin. Il dit : Ne pleurez point :
Trois jours au plus rendront mon âme satisfaite ;
Je reviendrai dans peu conter de point en point
Mes aventures à mon frère.
Je le désennuierai : quiconque ne voit guère
N'a guère à dire aussi. Mon voyage dépeint
Vous sera d'un plaisir extrême.
Je dirai : J'étais là ; telle chose m'advint  ;
Vous y croirez être vous-même.
A ces mots en pleurant ils se dirent adieu.
Le voyageur s'éloigne ; et voilà qu'un nuage
L'oblige de chercher retraite en quelque lieu.
Un seul arbre s'offrit, tel encor que l'orage
Maltraita le Pigeon en dépit du feuillage.
L'air devenu serein, il part tout morfondu,
Sèche du mieux qu'il peut son corps chargé de pluie,
Dans un champ à l'écart voit du blé répandu,
Voit un Pigeon auprès : cela lui donne envie :
Il y vole, il est pris : ce blé couvrait d'un las
Les menteurs et traîtres appas.
Le las était usé : si bien que de son aile,
De ses pieds, de son bec, l'oiseau le rompt enfin.
Quelque plume y périt : et le pis du destin
Fut qu'un certain vautour à la serre cruelle,
Vit notre malheureux qui, traînant la ficelle
Et les morceaux du las qui l'avaient attrapé,
Semblait un forçat échappé.
Le Vautour s'en allait le lier, quand des nues
Fond à son tour un aigle aux ailes étendues.
Le Pigeon profita du conflit des voleurs,
S'envola, s'abattit auprès d'une masure,
Crut, pour ce coup, que ses malheurs
Finiraient par cette aventure ;
Mais un fripon d'enfant, cet âge est sans pitié
Prit sa fronde, et, du coup, tua plus d'à moitié
La Volatile  malheureuse,
Qui, maudissant sa curiosité,
Traînant l'aile et tirant le pié,
Demi-morte et demi-boiteuse,
Droit au logis s'en retourna :
Que bien, que mal  elle arriva
Sans autre aventure fâcheuse.
Voilà nos gens rejoints ; et je laisse à juger
De combien de plaisirs ils payèrent leurs peines.
Amants, heureux amants , voulez-vous voyager ?
Que ce soit aux rives prochaines ;
Soyez-vous l'un à l'autre un monde toujours beau,
Toujours divers, toujours nouveau ;
Tenez-vous lieu de tout, comptez pour rien le reste.
J'ai quelquefois aimé : je n'aurais pas alors
Contre le Louvre et ses trésors,
Contre le firmament et sa voûte céleste,
Changé les bois, changé les lieux
Honorés par les pas, éclairés par les yeux
De l'aimable et jeune bergère
Pour qui, sous le fils de Cythère ,
Je servis, engagé par mes premiers serments.
Hélas! Quand reviendront de semblables moments ?
Faut-il que tant d'objets si doux et si charmants
Me laissent vivre au gré de mon âme inquiète ?
Ah! si mon coeur osait encor se renflammer!
Ne sentirai-je plus de charme qui m'arrête ?
Ai-je passé le temps d'aimer ?"

Jean de la Fontaine, 1678

 

 

 

 

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Le 31 mars 2021
Pour poursuivre avec le printemps, les Dodus ne pouvaient faire l’impasse sur Victor Hugo.
"Il y avait, à quelques pieds au-dessous de la croisée de Cosette, dans la vieille corniche toute noire du mur, un nid de martinets ; l'encorbellement de ce nid faisait un peu saillie au delà de la corniche, si bien que d'en haut on pouvait voir le dedans de ce petit paradis. La mère y était, ouvrant ses ailes en éventail sur sa couvée ; le père voletait, s'en allait, puis revenait, rapportant dans son bec de la nourriture et des baisers. Le jour levant dorait cette chose heureuse, la grande loi Multipliez était là souriante et auguste, et ce doux mystère s'épanouissait dans la gloire du matin. Cosette, les cheveux dans le soleil, l'âme dans les chimères, éclairée par l'amour au dedans et l'aurore au dehors, se pencha comme machinalement, et sans presque oser s'avouer qu'elle pensait en même temps à Marius, se mit à regarder ces oiseaux, cette famille, ce mâle et cette femelle, cette mère et ces petits."
"Les Misérables", 1862

 

 

 

 

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Le 1er avril 2021
Le peuple des oiseaux rend hommage au grand Victor qui le sublime si bien !

"Avril ouvre à deux battants
Le printemps ;
L'été le suit, et déploie
Sur la terre un beau tapis
Fait d'épis,
D'herbe, de fleurs, et de joie.

Buvons, mangeons ; becquetons
Les festons
De la ronce et de la vigne ;
Le banquet dans la forêt
Est tout prêt ;
Chaque branche nous fait signe.

Les pivoines sont en feu ;
Le ciel bleu
Allume cent fleurs écloses ;
Le printemps est pour nos yeux
Tout joyeux
Une fournaise de roses.

Tu nous dores aussi tous,
Feu si doux
Qui du haut des cieux ruisselle ;
Les aigles sont dans les airs
Des éclairs,
Les moineaux des étincelles.

Hirondelle, fais ton nid.
Le granit
T'offre son ombre et ses lierres ;
Aux palais pour tes amours
Prends des tours,
Et de la paille aux chaumières.

Le nid que l'oiseau bâtit
Si petit
Est une chose profonde ;
L'oeuf ôté de la forêt
Manquerait
A l'équilibre du monde."
Victor Hugo, "Chanson des oiseaux","La Fin de Satan", 1885

 

 

 

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Le 2 avril 2021
Les Dodus ne dédaignent pas non plus les poètes japonais…
"Dans le champ de colza
Les oiseaux font mine
De contempler les fleurs."

"Printemps frileux.
Le rossignol s’est blotti
Dans la lanterne de pierre."

Matsuo Bashô 1644_1694

 

 

 

 

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Le 20 avril 2021
Les Dodus peuvent aussi mimer le vol d’un papillon !
Tombée de sa branche,
La fleur y est retournée :
C’était un papillon !
Arakida Moritake_1453-1549, "Miyamori", 3

"Les petites ailes blanches
Sur les eaux et les sillons
S’abattent en avalanches ;
Il neige des papillons."
Victor Hugo, "Poème à Granville", 1836

 

 

 

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Le 26 avril 2021
Le printemps - et le Japon - inspirent toujours nos trois Dodus !
"Tous en ce monde
Sur la crête d’un enfer
A contempler les fleurs !"
Kobayashi Issa_1763 – 1828

 

 

 

 

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Le 7 mai 2021
Le soleil pointant le bout de son nez, Grisou bronze assidûment, et du même coup rend un hommage inconscient à Claude Viallat !

 

 

 

 

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Le 31 mai 2021
Les Dodus, pas en reste, se sont eux aussi envolés pour la Vallée-aux-loups. Pour tout vous dire, ils y ont vu ce que seuls les oiseaux voient, les enchantements du printemps !
"Il passe une grande cour pavée de marbre, il monte l'escalier, il entre dans la salle des Gardes qui étaient rangés en haie, l'arme sur l'épaule, et ronflants de leur mieux. Il traverse plusieurs chambres pleines de Gentilshommes et de Dames, dormant tous, les uns debout, les autres assis ; il entre dans une chambre toute dorée, et il vit sur un lit, dont les rideaux étaient ouverts de tous côtés, le plus beau spectacle qu'il eût jamais vu : une Princesse qui paraissait avoir quinze ou seize ans, et dont l'éclat resplendissant avait quelque chose de lumineux et de divin.
Il s'approcha en tremblant et en admirant, et se mit à genoux auprès d'elle. Alors comme la fin de l'enchantement était venue, la Princesse s'éveilla ; et le regardant avec des yeux plus tendres qu'une première vue ne semblait le permettre :
''Est-ce vous, mon Prince ? Lui dit-elle, vous vous êtes bien fait attendre.''
Le prince, charmé de ces paroles, et plus encore de la manière dont elles étaient dites, ne savait comment lui témoigner sa joie et sa reconnaissance ; il l'assura qu'il l'aimait plus que lui-même. Ses discours furent mal rangés, ils en plurent davantage : peu d'éloquence, beaucoup d'amour. Il était plus embarrassé qu'elle, et l'on ne doit pas s'en étonner ; elle avait eu le temps de songer à ce qu'elle aurait à lui dire, car il y a apparence (l'Histoire n'en dit pourtant rien) que la bonne fée, pendant un si long sommeil, lui avait procuré le plaisir des songes agréables. Enfin il y avait quatre heures qu'ils se parlaient, et ils ne s'étaient pas encore dit la moitié des choses qu'ils avaient à se dire."
Charles Perrault, "Contes", "La Belle au bois dormant", 1694

 

 

 

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Le 8 juin 2021
Tentés par un petit somme, les Dodus ont décidé de séjourner un peu chez Charles Perrault !
"Mais le sommeil ne la visitait plus aussi facilement. Silencieusement, les deux mondes se disputaient sa conscience. De la même façon que rivalisent, aux abords d'une large embouchure, l'eau de mer qui s'avance et l'eau douce du fleuve."
Haruki Murakami, "1Q84", 2009

 

 

 

 

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Le 10 juin 2021
Les Dodus vont chercher l'ombre des forêts profondes de Perrault.
"Seul dans la forêt profonde, l’être que je suis me paraît étrangement vide. Il me semble être devenu moi aussi un de ces hommes vides, dont Oshima m’a parlé un jour.... Je ferme les yeux, essaie de trouver mon propre centre. Il est recouvert de ténèbres irrégulières, aux bords effilochés. Puis ces nuages sombres se déchirent, et les feuilles des cornouaillers scintillent, telles des milliers de lames dans le clair de lune…"
Haruki Murakami, "Kafka sur le rivage", 2002

 

 

 

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Le 11 juin 2021
Déambulations des Dodus dans la forêt de Perrault, d'après les gravures de Gustave Doré.
"La forêt respirait, plus ample, plus éveillée, attentive jusqu’au fond de ses forts et de ses caches soudain remués aux signes énigmatiques d’on ne savait quel retour des temps – un temps de grandes chasses sauvages et de hautes chevauchées – on eût dit que la vieille bauge mérovingienne flairait encore dans l’air un parfum oublié qui la faisait revivre."
Julien Gracq, "Un balcon en forêt", 1958

 

 

 

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Le 16 juin 2021
Finalement, les forêts de Perrault sont plus peuplées qu'on ne le penserait, les Dodus en ont fait l'expérience !
"Les forêts précèdent les peuples, les déserts les suivent".
attribuée à François-René de Chateaubriand

 

 

 

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Le 27 juin 2021
Les Dodus ont repris leur voyage cinéphile et se sont posés très très loin de nous, dans un salon de musique indien.
D'après "Le salon de musique" de Satyajit Ray, 1958

 

 

 

 

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Le 7 juillet 2021
"No tresspassing ! Xanadu."
Les Dodus n'ont pas tenu compte de l'avertissement !

Orson Welles, "Citizen Kane", 1941

 

 

 

 

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Le 9 juillet 2021
Quitter Xanadu pour les portes aussi mystérieuses de Victor Hugo ! Les Dodus ont franchi le seuil ! Ici la clé, ailleurs la porte !
Inspiré du dessin de Victor Hugo "Hic clavis, allias porta", 1850
Présenté à la Maison de Victor Hugo dans le cadre de l'exposition "Victor Hugo Dessins"

https://www.maisonsvictorhugo.paris.fr/fr/expositions/victor-hugo-dessins

 

 

 

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Le 21 juillet 2021
En cet après-midi estival, les Dodus précogs retournent à leurs boules de cristal.
"Nous appelons notre avenir l'ombre de lui-même que notre passé projette devant nous..."
Marcel Proust, "À la recherche du temps perdu", 1918

 

 

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Le 23 juillet 2021
Les Dodus se sont bien rafraîchis sous les pluies kurosawaiennes !
"La vie, ce n'est pas d'attendre que les orages passent, c'est d'apprendre à danser sous la pluie."
Sénèque
d'après "Rashõmon", et "Les sept samouraïs", Akira Kurosawa, 1950, 1954

 

 

 

 

 

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Le 24 juillet 2021
Contes après la pluie : les Dodus ont croisé des femmes énigmatiques....
d'après « Rashõmon », Akira Kurosawa, 1950

 

 

 

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Le 9 septembre 2021
De retour chez eux, les Dodus consultent à nouveau leurs boules de cristal.
"Voilà... j'étais capable de me transformer en quelqu'un d'autre le temps de la représentation. Une fois le spectacle terminé, je redevenais moi-même, et ça me plaisait bien.
- Vous aimiez être quelqu'un d'autre ?
- Oui, du moment que je redevenais moi-même ensuite.
- Vous n'avez jamais souhaité ne pas le redevenir ?"
Haruki Murakami, "Drive my car", "Des hommes sans femmes", 2014

 

 

 

 

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Le 18 septembre 2021
Les Dodus, ignorant le vertige comme vous le savez, prennent de la hauteur.
"La vue était si impressionnante qu'elle donnait envie de la découper avec des ciseaux pour la punaiser au mur de sa mémoire".
Haruki Murakami, "Les amants du Spoutnik", 1999

 

 

 

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Le 20 septembre 2021
"Des crépuscules blancs tiédissent sous mon crâne
Qu’un cercle de fer serre ainsi qu’un vieux tombeau
Et triste, j’erre après un rêve vague et beau,
Par les champs où la sève immense se pavane
Puis je tombe énervé de parfums d’arbres, las,
Et creusant de ma face une fosse à mon rêve,
Mordant la terre chaude où poussent les lilas,
J’attends, en m’abîmant que mon ennui s’élève…
Cependant l’Azur rit sur la haie et l’éveil
De tant d’oiseaux en fleur gazouillant au soleil."
Stéphane Mallarmé, "Renouveau", 1866

 

 

 

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Le 27 septembre 2021
100ème chronique ! Les Dodus vont poursuivre la route des oracles.

"L'Oracle et l'Impie"

"Vouloir tromper le Ciel, c'est folie à la Terre ;
Le Dédale des coeurs en ses détours n'enserre
Rien qui ne soit d'abord éclairé par les Dieux.
Tout ce que l'homme fait, il le fait à leurs yeux
Même les actions que dans l'ombre il croit faire.
Un Païen qui sentait quelque peu le fagot,
Et qui croyait en Dieu, pour user de ce mot,
Par bénéfice d'inventaire,
Alla consulter Apollon.
Dès qu'il fut en son sanctuaire :
Ce que je tiens, dit-il, est-il en vie ou non ?
Il tenait un moineau, dit-on,
Prêt d'étouffer la pauvre bête,
Ou de la lâcher aussitôt
Pour mettre Apollon en défaut.
Apollon reconnut ce qu'il avait en tête :
Mort ou vif, lui dit-il, montre-nous ton moineau,
Et ne me tends plus de panneau ;
Tu te trouverais mal d'un pareil stratagème.
Je vois de loin, j'atteins de même."
Jean de la Fontaine
"Les Fables" IV, 1668

 

 

 

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Le 1er octobre 2021
Les Dodus ont profité de la fenêtre entrouverte pour faire une escapade nocturne dans Paris… Respirez... Ils sont rentrés !
"Le rêve est l'aquarium de la nuit."
Victor Hugo, "Les travailleurs de la mer", 1866
Photos : immeubles Art Nouveau, Paris 7ème

 

 

 

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Le 15 octobre 2021
Matin : Blanche est tombée dans un vase vide dans un brouhaha de plumes. Puis elle s'y est figée en silence. Extirpée en douceur après moultes recherches, elle a rejoint ses deux compagnes. Les trois Dodus se remettent ensemble de leurs émotions et méditent Lao Tseu...
"Les formes et les choses se manifestent à celui qui n'est pas attaché à son être propre. Dans ses mouvements, il est comme l'eau ; dans son repos il est comme un miroir, et dans ses réponses, il est comme l'écho."

 

 

 

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Le 23 octobre 2021
Prendre le thé avec un des Dodus... Ou plus exactement... ne plus pouvoir prendre de thé...

 

 

 

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Le 1er novembre 2021
Les Dodus nous observent, silencieux.
"Fukaeri demeura silencieuse. Son mutisme était comme une poudre fine qui flottait secrètement dans l'air. De la poudre qui viendrait juste d'être dispersée, tel un essaim de papillons de nuit surgissant d'un espace spécial."
Haruki Murakami, "1Q84 Livre 2", 2009

 

 

 

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L'un des Dodus s'élance pour quelques pointes de vitesse....
"Le temps qui vole souvent comme un oiseau se traîne d'autres fois comme une tortue ; mais il ne semble jamais plus agréable que lorsque l'on ne sait s'il va vite ou lentement."
Ivan Tourgueniev, "Père et fils", 1862

 

 

 

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Le 10 novembre 2021
Cet après-midi, Blanche est d'humeur Pompéienne !

 

 

 

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"Sa voix avait une tonalité amère.
Sur l’écran, l’oiseau marchait en se dandinant. Il fit un mètre et s’immobilisa près d’un jerrycane carbonisé. Il était photographié de près, en gros plan, comme au début d’un film. L’objectif captait ses yeux d’or impénétrables, absolument beaux.
- Nous préférons infiltrer là-bas un agent qui n’ait pas l’esprit alourdi par trop d’informations, dit Deeplane. Quelqu’un de pragmatique et de solide, avec une puissante mémoire onirique. C’est vous tout craché, Mevlido.
Mevlido émit un mugissement discret. Ce n’était pas une manifestation d’enthousiasme.
- On va vous organiser une incarnation dans un type bien, poursuivit Deeplane.
Mevlido bougea encore sa rude tête de bonze pugiliste…..
- Vous voyez, Mevlido ? fit Deeplane. On dirait une accumulation de bizarreries à l’intérieur d’un rêve. Quelque chose modifie leur réalité. Et vu d’ici, on n’arrive pas vraiment à saisir ce qui cloche. Il faut que l’un d’entre nous….
L’oiseau était en train d’écarter les ailes pour reprendre son vol.
- Il n’y a pas d’autre solution, dit Deeplane.
- Bah, objecta Mevlido.
- Il faut que quelqu’un se dévoue, dit Deeplane.
L’oiseau s’était remis à frapper l’air avec puissance. Ses ailes énormes occupaient l’image, on voyait le détail des plumes, et, tout à coup, on eut l’impression que la caméra s’était trop rapprochée et que l’oiseau avait détecté sa présence. Il venait juste de se stabiliser après l’essor. Brusquement, il piqua derrière un hangar et disparut….
Il ne restait plus sur l’écran qu’un paysage industriel pas très animé, avec des entrepôts fermés au cadenas, des garages vides et des promesses de pluie.
- Bon, dit Mevlido. Je disposerai de combien de temps ?
- Pour quoi faire ?
- Pour ma mission.
- Oh, fit Deeplane. Vous devrez vous maintenir sur zone un bon moment. Le temps que…
 Comme à court de mots, il se tourna vers la fenêtre, vers ce rectangle de nuit qui jusque là n’avait joué aucun rôle dans l’éclairage, parce que derrière la vitre la nuit était très épaisse, mais aussi parce que le verre chimiquement traité ne reflétait pas la lampe qui brûlait sur le bureau….
- Soyez plus précis, Deeplane, insista Mevlido.
- Ecoutez, Mevlido, ça durera le temps d’une vie. Vous allez renaître là-bas, vous allez grandir et devenir adulte là-bas. Vous attendrez la mort là-bas. On a besoin d’un observateur qui vive les choses de l’intérieur. On collectera les informations par l’intermédiaire de vos rêves. »

Antoine Volodine,  "Songes de Mevlido", 2007

 

 

 

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Le 16 novembre 2021
Ode au livre. En noir et blanc.
"Ce livre, légion tournoyante et sans nombre
D'oiseaux blancs dans l'aurore et d'oiseaux noirs dans l'ombre,
Ce vol de souvenirs fuyant à l'horizon,
Cet essaim que je lâche au seuil de ma prison,
Je vous le confie, air, souffles, nuée, espace !
Que ce fauve océan qui me parle à voix basse,
Lui soit clément, l'épargne et le laisse passer !
Et que le vent ait soin de n'en rien disperser."
Victor Hugo

 

 

 

 

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Le 27 novembre 2021
De l'étrange usage que les oiseaux font des cloisonnés Meiji... Ou comment les Dodus, jaloux de ma journée d'hier, se vengent de ne pas pouvoir visiter le Musée Cernuschi.

 

 

 

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