Chroniques dodusiennes chapitre IV

Le 9 décembre 2021

Où les Dodus croisent quelques-uns de leurs congénères !

"Les oiseaux arrivent"

Tout était vol sur notre terre.
Comme des gouttes de sang et des plumes
Les cardinaux ensanglantaient
L’aurore d’Anáhuac.
Le toucan était une adorable
Caisse de fruits vernis,
Le colibri regarda les étincelles
Originales de l’éclair
Et ses bûchers minuscules
Brûlaient dans l’air immobile.
Les perroquets illustres emplissaient
La profondeur du feuillage
Comme des lingots d’or vert
Récemment sortis de la pâte
Des marais submergés
Et de leurs yeux ronds
Ils regardaient un anneau jaune,
Vieux comme les minéraux.
Tous les aigles du ciel
Nourrissaient leur descendance sanguinaire
Dans l’azur inhabité,
Et par-dessus les plumes carnivores
Volait au-dessus du monde,
Le condor, roi assassin,
Frère solitaire du ciel,
Talisman noir de la neige,
Ouragan de la fauconnerie.
L’ingénierie du four
Fait de la boue odorante
De petits théâtres sonores
Où il apparaissait en chantant.
L’engoulevent allait
Lançant son cri humecté
À l’oreille des cénotes.
Le pigeon du Chili
Faisait de rudes nids fourrés
Où il laissait le cadeau royal
De ses œufs irisés.
La Loica du sud, parfumée,
Doux charpentier de l’automne,
Montrait son poitrail constellé
D’étoiles écarlates,
Et le chingolo austral élevait
Son chant à peine recueilli
De l’éternité de l’eau.
De plus, humide comme un nénuphar,
Le flamant ouvrait les portes
De sa cathédrale rose
Et volait comme l’aurore,
Loin du bois étouffant
Où pendent les pierres précieuses
Du quetzal, qui soudain se réveille,
Bouge, glisse et brille
Et fait voler sa braise vierge.
Une montagne marine explose
Elle crée des îles, une lune
Des oiseaux qui vont vers le Sud,
Par-dessus les îles fermentantes du Pérou.
C’est un fleuve vivant d’ombre,
C’est une comète de petits
Cœurs innombrables
Qui obscurcissent le soleil du monde
Comme un astre à la queue épaisse
Palpitant vers l’archipel.
Et au bout de la mer coléreuse
Dans la pluie de l’océan
Jaillissent les ailes de l’albatros
Comme deux systèmes de sel
Établissant dans le silence
Entre les rafales torrentielles
De leur spacieuse hiérarchie
L’ordre des solitudes.

Pablo Neruda, "Arte de pájaros", 1966

 

 

 

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Le 31 décembre 2021

Grisou donne un coup d'éventail,
les Dodus vous disent : attendez un peu et suivez-nous vers la nouvelle année ! Prêts ?
Avec tous nos meilleurs vœux pour 2022 !

 

 

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Le 6 janvier 2022

Bravant le froid, les Dodus se dégourdissent les ailes du côté du Palais-Royal et croisent le Hasard et de grands enfants...

"- Bientôt peut-être. Sait-on jamais avec le hasard ?

- Oh... Paris est grand vous savez ?

- Paris est tout petit pour ceux qui s'aiment comme nous d'un aussi grand amour."

d'après "Les Enfants du paradis" Marcel Carné, Jacques Prévert

1ère photo : la devanture de la librairie Jousseaume, galerie Vivienne, Paris 2ème

 

 

Dodus au palais royal a

 

 

Dodus au palais royal b

 

 

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Le 21 janvier 2022

Froidure de l'aube... Les Dodus se réveillent avec la lune en ligne de mire.

"La lune est le rêve du soleil". Paul Klee

Photographie : La lune sur Paris.

 

 

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Le 22 janvier 2022

Les Dodus sont repartis en voyage en Cinématographie... et croisent un magnifique rideau rouge de fond de boutique... Un, deux, trois ! Qui se transforme en rideau de scène écarlate ouvrant sur un petit diorama peuplé de congénères pleins de noirceur, de héros en déshérence, passant, disparaissant, repassant. Les Dodus se blottissent, tentant de dominer leurs frayeurs (à vrai dire nombreuses et variées) et se mettent à l'affût (voir le cou étiré, signe indubitable d'inquiétude). Seront-ils d'une quelconque aide pour l'agent spécial Dale Cooper ? Sortiront-ils du labyrinthe ?

Kill Bob !

Clin d'oeil à tous les amateurs de David Lynch âgés d'au moins 50 ans aujourd'hui qui découvrirent avec ahurissement et émerveillement "Twin Peaks", cet ovni sur petit écran, en 1990. Vous aurez compris, on adore ! Pfffffou... les Dodus s'envolent ! Un diable passe !

"Ce qui effraie le plus, ce n’est pas la réalité, mais ce qu’on imagine qu’elle cache." David Lynch

 

 

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Le 27 janvier 2022

Café le monopolise. Il répond à l'appel du fauteuil. Venez à moi, les statuettes !

"Ne soyez pas inexorable à ce fauteuil qui vous tend les bras il y a un quart d'heure ; contentez un peu l'envie qu'il a de vous embrasser."

Molière, "Les Précieuses ridicules", 1659

 

 

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Le 31 janvier 2022

La rencontre fortuite de la colombe et de la chouette. Belle opposition : l’oiseau aiguisé du crépuscule et de la nuit face à l’oiseau immaculé quasiment aveugle à la tombée du jour. L’oiseau de guerre d’Athéna face à l’oiseau de la Paix, portant le rameau d’olivier dans son bec (l’olivier, arbre d’Athéna).

"Il [Noé] attendit encore sept autres jours et lâcha de nouveau la colombe hors de l'arche. La colombe vint vers lui au temps du soir, et voici qu'elle avait au bec un rameau tout frais d'olivier." "La Bible" "Genèse 8:6-22"

Mais un peu d’histoire.

Les apparences semblent pourtant trompeuses : pas si opposées que cela ces deux-là ! Du côté de la féminité, la chouette compagne d’Athéna et la colombe compagne d’Aphrodite et d’Astarté.

La chouette nyctalope qui anticipe le combat auprès de sa déesse maîtresse des stratégies militaires, et la colombe précog, comme vous le savez ! Deux oiseaux devins, en contact avec le monde spirituel, qui ont la capacité de voir ce qui est caché ! Dans l’Antiquité, pêle-mêle, le nom de Colombe était donné aux oracles et prophètes. Les oracles de Dodone, consultés par Alexandre, seraient fondés par une colombe. La Colombe symbole du monde des esprits : dans l’Antiquité et au Moyen-âge, la colombe symbolise l’âme immortelle.

Oiseaux de l’aube et du crépuscule toutes deux (la colombe chante de préférence à ces moments-là tandis que la chouette prend son envol et revient de même), oiseaux de "l’entre-deux", moments où l’épaisseur des voiles entre les mondes physiques et spirituels, entre le passé et le futur, est réduite à son maximum.

Chouette devenue symbole de la Sagesse et de la clairvoyance (emblème d’Athènes), colombe symbole de prudence, d’amour et de paix. On aimerait hybrider la furtivité et l’acuité de l’une, avec la prudence et la douceur de l’autre !

 

 

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Le 6 février 2022

Vous semblez fort goûter les rencontres des Dodus avec d’autres animaux, alors, aujourd’hui, c’est un cerf qui offre l’hospitalité à un Dodu, sur sa ramure, qui évidemment rappelle à nos colombes les branchages des forêts.

Le cerf, animal magico-mythique par excellence : remontons le temps, et le dieu Cernunnos, dieu-cerf nous apparaît. Le grand cerf connaît de multiples résurgences dans le temps : dans la légende arthurienne tout d’abord, où Merlin prend l’apparence d’un cerf, symbole de sagesse, c’est encore un cerf blanc qui, dans la forêt de Brocéliande, avertit Lancelot et Guenièvre de l’impossibilité de leur amour. Dans la religion chrétienne, le grand Cerf blanc incarne Dieu, lorsqu’il apparaît nimbé de lumière et la croix scintillant entre ses bois aux yeux ébahis de Saint-Hubert. Le grand Cerf réussit même le prodige de se métamorphoser en croix.

Vous connaissez la proximité de nos trois Dodus avec les chamanes et les esprits : les bois du cerf servent là encore de vecteurs entre le monde d’en-bas (les humains) et celui d’en-haut (les esprits), là où ils sont fixés, c’est-à-dire sur la coiffe du chamane, aidant celui-ci à « s’envoler » (dans le chamanisme sibérien, tout particulièrement).

Et que dire des cerfs Sika de Nara, au Japon, qui hantent cette ville de leur présence gracile et fantômatique ? Le dieu Takemikazuchi arriva, dit-on, dans cette ville sur le dos d’un cerf blanc. Jusqu’au XVIIè siècle, les habitants devaient s’incliner devant eux. En 1957, ils sont devenus "trésor naturel protégé" et ont conservé un statut sacré.

Voici encore un animal très lié avec l'au-delà ! Entre précogs, on se reconnaît !

 

 

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Le 12 février 2022

Grisou, qui, comme vous le savez, est l’intellectuel de nos trois Dodus, vient défier le Grand Descartes ! Vous avez dit "animal machine" ?

"Quelle pitié, quelle pauvreté, d’avoir dit que les bêtes sont des machines privées de connaissance et de sentiment, qui font toujours leurs opérations de la même manière, qui n’apprennent rien, ne perfectionnent rien, etc. !

Quoi ! cet oiseau qui fait son nid en demi-cercle quand il l’attache à un mur, qui le bâtit en quart de cercle quand il est dans un angle, et en cercle sur un arbre ; cet oiseau fait tout de la même façon ?.... Le serin à qui tu apprends un air le répète-t-il dans l’instant ? n’emploies-tu pas un temps considérable à l’enseigner ? n’as-tu pas vu qu’il se méprend et qu’il se corrige ?" 

Article extrait de "Bêtes" du dictionnaire philosophique de Voltaire

Voltaire y répond à Descartes selon lequel les animaux sont des "machines".

 

 

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Le 15 février 2022

Souvent, les Dodus croisent leurs ombres.

"La nature, qui met sur l’invisible le masque du visible, est une apparence corrigée par une transparence ."

Victor Hugo

 

 

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Le 17 février 2022

Quatorze heures, Blanche cabotine en attendant impatiemment l'heure du café !

"Café : Donne de l’esprit. N’est bon qu’en venant du Havre. Dans un grand dîner, doit se prendre debout. L’avaler sans sucre, très chic, donne l’air d’avoir vécu en Orient."

Flaubert, "Dictionnaire des idées reçues"

 

 

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Le 24 février 2022

Après l'heure du café, vient l'heure de la sieste pour Blanche !

"L'infini n'est autre

Que le va-et-vient

Entre ce qui s'offre

Et ce qui se cherche

Va-et-vient sans fin

Entre arbre et oiseau,

Entre source et nuage."

François Cheng, "À l'orient de tout", 2005

 

 

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Le 26 février 2022

Avec de jeunes feuilles
j'aimerais essuyer
vos gouttes de larme

Bashô Matsuo
poète japonais du XVIIè siècle.

 

 

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Le 1er mars 2022

Le mannequin

- "Pensez-vous que je sois un mannequin, et que je me promène sur la terre pour servir d'épouvantail aux oiseaux ?

Le Dodu

- Pauvre pantin, vous ne m'impressionnez pas du tout, j'ai tourné dans "les oiseaux " d'Hitchcock, moi !!!"

d'après Alfred de Musset, "Les Caprices de Marianne", 1833

Revoir/relire les chroniques dodusiennes, et notamment celles sur Hitchcock des 5 et 7 janvier 2021

 

 

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Le 7 mars 2022

Café se rapproche du livre "Les derniers jours de Pompéi" et médite sur le Destin. Il pense à cet adolescent, Pline le Jeune, qui assista, impuissant, au spectacle de l'éruption du Vésuve depuis le Cap Misène, à l'extrémité nord de la baie de Naples. Dans deux lettres, celui-ci relata ce qu'il vit, à son ami l'historien Tacite (ce dernier lui avait demandé des détails sur la mort de son ami Pline l'Ancien, ce jour-là en ce lieu, "afin d' en transmettre fidèlement le récit à la postérité"). C'est ainsi un jeune homme de 17 ans qui nous livrera le premier témoignage écrit historique d'une éruption de volcan. En en faisant une description à la fois belle, déchirante et néanmoins scientifique, il va laisser son nom à ce type d'éruption désormais qualifiée de "plinienne".

" La nuée s'élançait dans l'air, sans qu'on pût distinguer à une si grande distance de quelle montagne elle sortait. L'événement fit connaître ensuite que c'était du Mont Vésuve. Sa forme approchait de celle d'un arbre et particulièrement d'un pin : car s'élevant vers le ciel comme sur un tronc immense, sa tête s'étendait en rameaux […] Il paraissait tantôt blanc, tantôt sale et tacheté, selon qu'il était chargé de cendre ou de terre. " VI, 16

" De plusieurs endroits du Mont Vésuve, on voyait briller de larges flammes et un vaste embrasement dont les ténèbres augmentaient l'éclat ". VI, 16

"La nue s'abaisse sur la terre et couvre les flots " […] " la cendre commençait à tomber sur nous […] et j'aperçois derrière nous une épaisse fumée qui nous suit en se répandant sur la terre comme un torrent " […] " les ténèbres s'épaississent encore " […] " la pluie de cendres recommença plus forte et plus épaisse "[…] " des monceaux de cendres couvraient tous les objets, comme d'un manteau de neige ". VI, 20

A peine étions-nous assis et voici la nuit, comme on l'a, non point en l'absence de la lune et par temps nuageux, mais bien dans une chambre fermée, toute lumière éteinte.

...Beaucoup élevaient les mains vers les dieux ; d'autres, plus nombreux, prétendaient que déjà il n'existait plus de dieux, que cette nuit serait éternelle et la dernière du monde.

...Enfin la traînée noire dont j'ai parlé s'éclaircit et s'évanouit à la manière d'une fumée ou d'un brouillard ; puis brilla le vrai jour, même le soleil, mais avec la teinte jaunâtre qu'il a lors des éclipses. Aux regards encore mal assurés, les objets s'offraient sous un nouvel aspect, couverts d'une cendre épaisse comme d'une couche de neige."

Texte : Pline le Jeune, "Lettres", tome II, Livres IV-VI

Livre : "The last days of Pompeii" Sir Edward Bulwer Lyton, 1834

Dessin à l'encre : Franz Kirchbach, 1859-1912

 

 

 

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Le 14 mars 2022

Les Dodus profitent du soleil de l'après-midi, et rêvent avec Théophile Gautier.

Théophile Gautier admirait Victor Hugo qui, en retour, se montra toujours bienveillant avec le jeune auteur. Longtemps, le couvert de Gautier fut mis d'office à la table des Hugo, chaque dimanche soir.

"Dans le fronton d'un temple antique,

Deux blocs de marbre ont, trois mille ans,

Sur le fond bleu du ciel attique,

Juxtaposé leurs rêves blancs;

 

Dans la même nacre figées,

Larmes des flots pleurant Vénus,

Deux perles au gouffre plongées

Se sont dit des mots inconnus;

Au frais Généralife écloses,

Sous le jet d'eau toujours en pleurs,

Du temps de Boabdil, deux roses

Ensemble ont fait jaser leurs fleurs;

Sur les coupoles de Venise

Deux ramiers blancs aux pieds rosés,

Au nid où l'amour s'éternise,

Un soir de mai se sont posés.

Marbre, perle, rose, colombe,

Tout se dissout, tout se détruit;

La perle fond, le marbre tombe,

La fleur se fane et l'oiseau fuit.

En se quittant, chaque parcelle

S'en va dans le creuset profond

Grossir la pâte universelle

Faite des formes que Dieu fond.

Par de lentes métamorphoses,

Les marbres blancs en blanches chairs,

Les fleurs roses en lèvres roses

Se refont dans des corps divers.

Les ramiers de nouveau roucoulent

Au coeur de deux jeunes amants,

Et les perles en dents se moulent

Pour l'écrin des rires charmants.

De là naissent ces sympathies

Aux impérieuses douceurs,

Par qui les âmes averties

Partout se reconnaissent soeurs.

Docile à l'appel d'un arome

D'un rayon ou d'une couleur,

L'atome vole vers l'atome

Comme l'abeille vers la fleur.

L'on se souvient des rêveries

Sur le fronton ou dans la mer,

Des conversations fleuries

Près de la fontaine au flot clair,

Des baisers et des frissons d'ailes

Sur les dômes aux boules d'or,

Et les molécules fidèles

Se cherchent et s'aiment encor.

L'amour oublié se réveille,

Le passé vaguement renaît,

La fleur sur la bouche vermeille

Se respire et se reconnaît.

Dans la nacre où le rire brille,

La perle revoit sa blancheur

Sur une peau de jeune fille,

Le marbre ému sent sa fraîcheur.

Le ramier trouve une voix douce,

Écho de son gémissement,

Toute résistance s'émousse,

Et l'inconnu devient l'amant.

Vous devant qui je brûle et tremble,

Quel flot, quel fronton, quel rosier,

Quel dôme nous connut ensemble,

Perle ou marbre, fleur ou ramier ?"

Poème : "Affinités secrètes", "Emaux et camées", Théophile Gautier, 1852

 

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Le 16 mars 2022

Les Dodus ignorent leur reflet.

"Le meilleur miroir ne reflète pas l’autre côté des choses."

proverbe japonais

 

 

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Le 28 avril 2022

Les Dodus profitent du printemps.

"De quel arbre en fleur ?

Je ne sais pas.

Mais quel parfum !"

"Assis tranquillement, sans rien faire,

le printemps arrive,

l'herbe pousse, par elle - même."

deux haïkus de Bashô Matsuo, poète japonais du XVIIe siècle.

Il est considéré comme l'un des quatre maîtres du haïku japonais : Basho, Buson, Issa, et Shiki.

 

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Le 29 avril 2022

En cet après-midi calme, les Dodus cogitent sur le sens du cercle.

"La Bibliothèque est une sphère dont le centre véritable est un hexagone quelconque, et dont la circonférence est inaccessible."

Jorge Luis Borges, "Fictions" 1944

"Les âmes sont des compas dont la pointe tremble à l'instant de se planter. Seuls les saints en tracent le cercle parfait."

Christian Bobin, "L'homme-joie" 2012

 

 

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Cercle

 

Le 5 mai 2022

Dans un mouvement gracile, Grisou se penche vers le coquillage... Et ils nous laissent là, devant le mystère de ce qu'ils se murmurent...

"Un coquillage est une petite chose, mais je peux la démesurer en la replaçant où je la trouve, posée sur l'étendue du sable. Car alors je prendrai une poignée de sable et j'observerai le peu qui me reste dans la main après que par les interstices de mes doigts presque toute la poignée aura filé, j'observerai quelques grains, puis chaque grain, et aucun de ces grains de sable à ce moment ne m'apparaîtra plus une petite chose, et bientôt le coquillage formel, cette coquille d'huître ou cette tiare bâtarde, ou ce "couteau", m'impressionnera comme un énorme monument, en même temps colossal et précieux , quelque chose comme le temple d'Angkor, Saint-Maclou ou les Pyramides , avec une signification beaucoup plus étrange que ces trop incontestables produits d'hommes."

Francis Ponge, "Notes pour un coquillage", "Le Parti pris des choses", 1942

 

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Le 23 mai 2022

Grisou cherche à se poser. Ses pattes trouvent l'asile instable de la barque... La grande Passeuse.

"Le fleuve où la lueur des astres se réfracte

Semble dallé d’acier et maçonné d’argent ;

Seule une barque est là, qui veille et qui attend,

Les deux avirons pris dans la glace compacte.

Quel ange ou quel héros les empoignant soudain

Dispersera ce vaste hiver à coups de rames

Et conduira la barque en un pays de flammes

Vers les océans d’or des paradis lointains ?

Ou bien doit-elle attendre à tout jamais son maître,

Prisonnière du froid et du grand minuit blanc,

Tandis que des oiseaux libres et flagellant

Les vents, volent, là-haut, vers les printemps à naître ?"

Émile Verhaeren, "Les bords de la route", 1895

 

 

La barque

 

 

Le 24 mai 2022

Après deux ans et demi de séjour confortable et de dévouement sans faille de notre part, les trois Dodus conservent leur sauvagerie originelle et leur superbe, ne daignant jamais se poser sur l’une de nos épaules, ils nous snobent tout simplement ! Tout juste consentent-ils à venir picorer dans notre main, n’oubliant cependant pas de demeurer toujours sur le qui-vive ! Contrairement à d’autres oiseaux, et notamment à l’un d’eux, tombé du nid, un petit moineau qui, en son temps, en 1831, fut sauvé des griffes d’un chat par Victor Hugo qui le rapporta à ses trois enfants. Vingt-sept ans après la mort de l’oiseau, Charles Hugo en fera un " pierrot de roman " et l’immortalisera.

" Il y a des amoureux exigeants qui se contentent difficilement et à qui il faut beaucoup de choses pour être heureux. Claudin n’était pas de cela. Ce petit rien qui se composait des allées et venues d’un moineau de son épaule sur celle de sa bien-aimée contenait pour lui un monde de joies. Il y avait dans ce simple coup d’aile un mystère intime qui le ravissait. C’était à la fois bien moins qu’un serrement de main, bien moins qu’un regard, bien moins qu’un mot, bien moins qu’un billet – et bien plus. Il y avait quelque chose de charmant et d’unique dans ce langage-là, c’était le silence ; il y avait dans ce lien un je ne sais quoi d’imperceptible pour tout le monde et d’inattaquable pour la malveillance en même temps que de sensible pour le cœur. Illusion sans doute, mais notre bouvier avait fait un nid dans son âme à cette illusion. "

Charles Hugo, " Crapouillet " 1859

 

 

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Le 30 mai 2022

Promenade chez les fantômatiques.

Les Dodus s'enhardissent !

 

 

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Le 5 juin 2022

Les Dodus adressent un clin d'oeil à Margaret Atwood.

"Pour les poètes, rien ne se perd, car même si cela arrive, on peut toujours écrire sur ce qui est perdu."

 

 

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Le 1er juillet 2022

Les Dodus sont de retour : après un petit intermède forcé, une expérience inédite d'une dizaine de jours : Grisou, grand adepte des pointes de vitesse, s'était fait une entorse et boitait méchamment. L'occasion pour nous de constater comme l'oiseau a cette supériorité sur l'homme - oublier une patte/jambe blessée en se déplaçant uniquement à la force des ailes - et laisser le temps à Dame Nature (assistée de quelques fortifiants) de réparer la patte invalide. Le temps de constater aussi la constance et la solidarité de Blanche qui se promenait à côté de l'oiseau malade, et lui témoignait son affection par de petits coups de bec fraternels. En une semaine, Grisou a retrouvé ses jambes/pattes, court et file, et, bien entendu, a repris ses pointes de vitesse !

 

 

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Le 6 juillet 2022

Les Dodus, perchés sur les ouvrages de Walter Scott, ont communiqué avec lui, par la pensée, sur les êtres qui ont le talent de prophétie - vous connaissez bien entendu le don de précognition des Dodus, ils savent donc de quoi ils "parlent" !

"- Il arrive souvent, répondit Louis avec beaucoup de gravité, que ceux qui sont doués de la science prophétique n'ont pas le pouvoir de prévoir les événements qui les intéressent personnellement.

- Avec la permission de Votre Majesté, c'est comme si l'on disait qu'un homme ne peut voir son bras à la lumière d'une chandelle qu'il tient à la main, et qui lui montre tous les autres objets de l'appartement.

- La lumière qui lui montre le visage des autres ne peut lui faire apercevoir le sien, et cet exemple est ce qui prouve le mieux ce que je disais."

Walter Scott, "Quentin Durward", 1823

photo de l'affiche de "Quentin Durward" de Richard Thorpe, 1955, avec Robert Taylor

 

 

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Le 16 juillet 2022

Nos Dodus ne craignent, sous nos contrées, que la noirceur du corbeau. Ils ont par contre trouvé noble compagnie auprès d’oiseaux inconnus et exotiques : une divinité-vautour, un dieu-faucon, et se laissent bercer par les consonances "Bilaliennes" de leurs beaux noms !

Photos d’après l’exposition "Pharaon des Deux Terres" au musée du Louvre, avec pêle-mêle :

. La déesse-vautour Nekhbet, protectrice de la Haute-Egypte, Sanam, Temple d’Amon, 3e période intermédiaire, 25e dynastie

. La triade d’Osorkon, Karnak, 3e période intermédiaire, 22e dynastie, règne d’Osorkon II

Osiris, à droite, Horus, l’Héritier, à sa gauche, protégeant le principe divin central.

. Horus faisant une libation, région Memphite ( ?), Basse-Epoque, 26e dynastie

Horus, son nom signifie "l’Eloigné", dieu du ciel et de la Royauté, l’un de ses yeux représentait le soleil, l’autre la lune.

.Taharqa à genoux offrant le vin au dieu-faucon Hémen, 3e période intermédiaire, 25e dynastie, règne de Taharqa

 

 

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Le 22 août 2022

Les Dodus sont de retour de vacances.

Une petite sieste pour se remettre de toutes ces émotions...

"L' oiseau, ce rêveur définitif..."

pour plagier André Breton !

 

 

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Le 10 septembre 2022

Rencontre d'un service à liqueur et des Dodus !

"Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge ; à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est. Et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront, il est l'heure de s'enivrer..."

"Petits poèmes en prose" ou "Le Spleen de Paris" (1862),

"Enivrez-vous" de Charles Baudelaire

 

 

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Le 3 octobre 2022

Les Dodus, animaux de l'Ether, face à l'animal des Abysses. Un peu impressionnés, tout de même !

* L’inconnu dispose du prodige et il s’en sert pour composer le monstre. * Tous les idéals étant admis, si l’épouvante est un but, la pieuvre est un chef-d’œuvre. *

Victor Hugo

illustré par André Masson

 

 

 

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Le 21 octobre 2022

Pendant que nous accrochons, les Dodus passent le temps en échanges avec les esprits !

"Quand le vivant s'endort.... tout corps couché prend la ligne d'horizon de l'âme. L'endormi devient le réveillé de l'ombre".

Séance de spiritisme du 29 avril 1855, chez Victor Hugo.

Grisou en apparition sur une oeuvre de Valérie Sonnier

 

 

 

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Le 5 novembre 2022

Grisou médite sur son double...

"Nous autres, sur la terre, nous marchons en somme au-dessus d'une mer de feu pourpre et bouillonnante, cachée dans les entrailles de la terre ; nous n'y pensons jamais. Mais si la coquille qui est sous nos pieds devenait de verre, nous verrions ce feu. Je me vitrifiai et je vis ce qui était en moi. J'étais double. Il y avait d'abord ce que j'étais auparavant, D-503, le numéro D-503, et puis, il y en avait un autre…"

Evgueni Zamiatine, "Nous autres", 1924

L'un des premiers auteurs de roman d'anticipation.

 

 

 

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Le 11 novembre 2022

Grisou se perche... Il va maintenant vous conter une histoire antique....

Scène lyrique 3

1118 - 1188

PISTHÉTÈRE. Oiseaux, nos sacrifices ont été favorables. Mais je m'étonne qu'il ne vienne des remparts aucun messager nous annoncer comment s'y passent les affaires. En voici un pourtant qui accourt, hors d'haleine, comme le long de l'Alphée.

UN PREMIER MESSAGER. Où, où est-il, où ? Où, où est-il, où ? Où, où est-il, où ? Où est Pisthétère, notre chef ?

PISTHÉTÈRE. Le voici.

PREMIER MESSAGER. On a bâti la muraille.

PISTHÉTÈRE. Bonne nouvelle !

PREMIER MESSAGER. Très bel ouvrage et des plus magnifiques ! En haut, elle est si large que Proxénide le Vautour et Théagène, sur deux chars qui se croiseraient, feraient courir leur attelage, les chevaux en fussent-ils grands comme le Cheval de bois.

PISTHÉTÈRE. Par Hèraclès !

PREMIER MESSAGER. La longueur, je l'ai mesurée moi-même, est de cent stades.

PISTHÉTÈRE. Par Poseidon ! c'est ce qui s'appelle grand. Et quels ouvriers ont bâti cette œuvre gigantesque ?

PREMIER MESSAGER. Les oiseaux. Nul autre qu'eux n'était là : ni tuilier égyptien, ni tailleur de pierre, ni charpentier : ils ont tout fait de leurs mains: aussi suis-je émerveillé. De la Libye sont venues trente mille grues, qui avaient avalé les pierres d'assises ; les râles les ont équarries de leurs becs : dix mille cigognes façonnaient les briques, tandis que l'eau était portée en l'air par les pluviers et les autres oiseaux de rivière.

PISTHÉTÈRE. Qui leur préparait le mortier ?

PREMIER MESSAGER. Des hérons dans des auges.

PISTHÉTÈRE. Et comment transportaient-ils ce mortier ?

PREMIER MESSAGER. Voici, mon bon, une invention des plus ingénieuses. Les oies, se servant de leurs pattes comme de pelles, battaient le mortier et l'entassaient dans les auges.

PISTHÉTÈRE. Ah ! vraiment, que ne ferait-on pas avec les pattes ?

PREMIER MESSAGER. En même temps, de par Zeus ! les canes, la ceinture serrée, portaient des briques ; en haut, la truelle au dos, comme des mères leurs enfants, le mortier au bec, voltigeaient les hirondelles.

PISTHÉTÈRE. Quel besoin, après cela, de salarier des mercenaires ? Voyons, maintenant, quels oiseaux ont construit la charpente du mur ?

PREMIER MESSAGER. Comme charpentiers des plus habiles étaient les pélicans, qui, de leurs becs, équarrissaient les portes : on eût dit le bruit des haches dans un chantier naval. Et maintenant tout est garni de portes, verrouillé et bien gardé ; on fait la ronde, la cloche circule, partout sont posées des sentinelles et des feux allumés sur les tours. Mais je cours vite me laver : à toi à présent de faire le reste.

LE CHOEUR. Eh bien, que fais-tu ? Tu t'étonnes de ce que la muraille a été bâtie si vite ?

PISTHÉTÈRE. Oui, par les dieux ! et cela en vaut la peine ; car, en vérité, tout cela me paraît mensonges. Mais voici un garde qui nous arrive de la ville en messager ; il a l'œil tout en feu.

DEUXIÈME MESSAGER. Iou Iou ! Iou Iou ! Iou Iou !

PISTHÉTÈRE. Qu'y a-t-il ?

DEUXIÈME MESSAGER. Le plus affreux outrage ! Je ne sais quel dieu, envoyé par Zeus, a franchi nos portes et pris son vol en l'air, à l'insu des geais, nos gardes de jour.

PISTHÉTÈRE. Terrible affaire, indigne forfait ! Mais quel dieu ?

DEUXIÈME MESSAGER. Nous ne savons pas : il avait des ailes, c'est ce que nous savons.

PISTHÉTÈRE. Il fallait absolument envoyer des péripoles à sa poursuite !

DEUXIÈME MESSAGER. Mais nous avons envoyé trente mille éperviers comme archers à cheval ; toute la gent aux ongles crochus s'est mise en campagne, crécerelle, buse, vautour, chouette, aigle ; leur élan, leurs ailes, leurs battements agitent l'air, à la recherche du dieu. Il n'est pas bien loin, il doit être près d'ici.

PISTHÉTÈRE. Il faut donc prendre les frondes et les flèches : que tout serviteur soit ici ! Vise, frappe ! Donne-moi une fronde.

Aristophane (445 av. JC, entre 385 et 375 av. JC), "Les Oiseaux".

 

 

 

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Le 12 novembre 2023

Un bruit d'ailes se fait entendre....

1189 - 1199

LE CHOEUR. Une guerre éclate, guerre indicible, entre moi et les dieux. Que tout le monde garde l'air nuageux, fils de l'Erèbe, pour qu'aucun dieu ne le traverse à mon insu ; que chacun ait l'œil au guet à l'entour. Comme s'il planait près d'ici un génie aérien, un bruit d'ailes se fait entendre.

1200 - 1263

PISTHÉTÈRE. Holà ! toi, où, où, où voles-tu ? Reste tranquille, ne bouge pas, demeure ici : suspends ta course. Qui es-tu ? D'où viens-tu ? Dis tout de suite d'où part ton essor.

IRIS. Je viens de chez les dieux de l'Olympe.

PISTHÉTÈRE. Quel est ton nom ? Navire ou Casquette ?

IRIS. Iris la rapide.

PISTHÉTÈRE. Paralienne ou Salaminienne ?

IRIS. Qu'est-ce cela ?

PISTHÉTÈRE. Est-ce qu'il n'y a pas là, pour la saisir, une buse ailée ?

IRIS. Me saisir ? Qu'est-ce donc que cette indignité ?

PISTHÉTÈRE. Tu pousseras de grands soupirs.

IRIS. C'est quelque chose d'inimaginable.

PISTHÉTÈRE. Par quelles portes as-tu franchi la muraille, misérable ?

IRIS. Mais je ne sais pas, de par Zeus ! par quelles portes.

PISTHÉTÈRE. Tu l'entends, comme elle raille. T'es-tu présentée aux officiers des geais ? Tu ne dis rien ? Avais-tu un cachet scellé par les cigognes ?

IRIS. Qu'est-ce que cette absurdité ?

PISTHÉTÈRE. Tu n'en avais pas ?

IRIS. Es-tu dans ton bon sens ?

PISTHÉTÈRE. Aucun sauf-conduit ne t'a été donné par un chef des oiseaux ?

IRIS. De par Zeus ! pas un seul ne m'en a donné, pauvre fou.

PISTHÉTÈRE. Et c'est comme cela que tu prends ton vol en silence au travers d'une ville étrangère et de l'espace ?

IRIS. Et par quelle autre route doivent voler les dieux ?

PISTHÉTÈRE. De par Zeus ! je ne sais pas, moi ; mais par celle-là, non.

IRIS. Tu me manques d'égards, maintenant.

PISTHÉTÈRE. Sais-tu que jamais aucune Iris n'aurait été plus justement mise à mort, si l'on te traitait comme tu mérites !

IRIS. Mais je suis immortelle.

PISTHÉTÈRE. Tu n'en mourrais pas moins. Ce serait, à mon avis, user avec nous d'un procédé des plus étranges, si, quand le reste nous obéit, vous autres dieux vous faisiez les insolents, et ne compreniez pas qu'il vous faut céder, à votre tour, aux plus forts. Mais, dis-moi, où diriges-tu ta navigation aérienne ?

IRIS. Moi ? Je vole vers les hommes, de la part de mon père, pour leur dire de sacrifier aux dieux de l'Olympe, d'immoler brebis et bœufs sur les autels, et de remplir les rues de fumée.

PISTHÉTÈRE. Que dis-tu ? A quels dieux ?

IRIS. A quels dieux ? A nous, les dieux du ciel.

PISTHÉTÈRE. Vous êtes des dieux ?

IRIS. Y-a-t-il quelque autre dieu ?

PISTHÉTÈRE. Les oiseaux sont aujourd'hui des dieux pour les hommes : c'est à eux qu'il faut sacrifier, et non à Zeus, de par Zeus !

IRIS. Insensé, insensé, n'excite pas le courroux terrible des dieux, de peur que ]a Justice, armée de la cognée de Zeus, n'extermine toute race, et que la flamme ne brûle ton corps et les portiques de tes demeures des mêmes traits que Lycimnios.

PISTHÉTÈRE. Ecoute toi-même : cesse ces criailleries : sois tranquille. Voyons, me prends-tu pour un Lydien ou un Phrygien, et penses-tu m'épouvanter avec tes grands mots ? Sais-tu que, si Zeus m'ennuie encore, je me jette sur ses palais er sur la demeure d'Amphion, avec les aigles porte feu, et je réduis tout en cendres ; puis je détacherai dans le ciel, contre lui, des porphyrions revêtus de peaux de léopard, au nombre de plus de six cents. Un seul porphyrion lui donna, jadis, tant de mal ! Quant à toi, sa messagère, si tu me causes quelque ennui, je commence par t'étendre les jambes en l'air, tout Iris que tu es, puis je t'ouvre les cuisses et tu seras étonnée comment un homme si vieux renouvelle, trois fois de suite, son assaut.

IRIS. Puisses-tu crever, imbécile, avec un pareil langage !

PISTHÉTÈRE. Ne vas-tu pas te sauver ? Décampe vite ! Gare les coups !

IRIS. Si mon père ne met pas fin à tes insultes...

PISTHÉTÈRE. Ah, mais ! Est-ce que tu ne t'envoles pas ailleurs en foudroyer de plus novices ?

LE CHOEUR. Nous défendons aux dieux, issus de Zeus, de traverser désormais notre ville, et aux mortels de leur envoyer par ici la fumée.

Aristophane, "Les Oiseaux"

Gravure : "L'Acropole d'Athènes", Théodore Caruelle d'Aligny

 

 

 

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Le 28 novembre 2022

Les Dodus ont visité l'exposition "l'encre en mouvement, une histoire de la peinture chinoise au XXe siècle" au musée Cernuschi. Ils ont beaucoup admiré la peinture des deux oiseaux verts sur une branche fleurie devant laquelle ils se sont abîmés dans une longue méditation. En revanche, terrible panique devant le gros corbeau noir. Les colombes diamant ont une peur bleue des corbeaux noirs. J'ai dû dissimuler leurs cris d'alerte sous un quinte de toux feinte, pour que le gardien ne s'aperçoive de rien et vite refermer mon manteau pour leur cacher la vue de de ce redoutable oiseau !

 

 

 

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Le 29 novembre 2022

Les Dodus ne se découragent pas. Aujourd'hui, ils sont allés au Louvre voir l'exposition "Les Choses". Les cinq premières images sont ce qu'ils ont beaucoup aimé, les suivantes, ce qu'ils n'ont pas aimé du tout ! Ils ont même envisagé de demander que l'on retire ces œuvres de l'exposition mais finalement ont préféré respecter la liberté d'expression.

 

 

 

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Le 10 décembre 2022

Ami Tanuki, en cette froide journée d'hiver, transforme-toi en bouilloire et laisse-moi chasser ma frilosité auprès de ta chaleur ronronnante !

Dans la mythologie japonaise, l’animal mythologique Tanuki est comparable au renard, qui est connu sous le nom de Kitsune en japonais. Tous deux sont des yokai (esprit ou fantôme), des êtres surnaturels qui sont parfois personnifiés par des animaux.

Tout au long de l’ère Edo (1603-1868), le caractère rusé et méchant du Tanuki dans les contes japonais anciens, laisse place à un côté naïf et espiègle. Le Tanuki est devenu un héros populaire qui se révèle de plus en plus être le protagoniste d’une histoire. Bunbuku chagama (« Bouilloire de thé Bunbuku ») en est un exemple, dans lequel un Tanuki ayant la capacité de se transformer en bouilloire de thé accomplit des exploits dans la rue, mi-animal, mi-bouilloire de thé, pour aider son propriétaire démuni à acquérir une énorme richesse.

Photo : Blanche et le Tanuki

 

 

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Le 11 décembre 2022

Les Dodus enchantés de leur visite de l'exposition Proust à la BNF, surtout lorsqu'ils y ont lu que l'auteur de la Recherche parlait de sa madeleine comme d'un gâteau dodu !

Résultat : maintenant les dodus nous interdisent de manger des madeleines...

#lesdodusvisitentlesexpos

 

 

 

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Le 11 décembre 2022

Les Dodus, décidément très amateurs d'art, ont visité l'exposition Gérard Garouste au Centre Pompidou. Ils se sont sentis plus concernés par les œuvres de la fin qu'ils ont beaucoup appréciées. Ils ont adoré l'idée du peintre de faire nicher les oiseaux sur la tête des gens. Ils en ont parlé entre eux tout l'après-midi.

Résultat : maintenant, à la maison, je garde un chapeau sur la tête...

#lesdodusvisitentlesexpos

 

 

 

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Le 5 janvier 2023

Allez, envol pour 2023 ! Les Dodus prennent de l'altitude pour vous souhaiter une belle année !

 

 

 

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